Né à Paris en 1958, Didier Ben Loulou suit des études d'histoire de l'art et s'initie à la photographie.En 1979,
il commence à donner ses premières diapositives à l'atelier Fresson avec lequel il continue de collaborer.
Didier Ben Loulou vit entre Paris et Jérusalem. En 1981-89 il séjourne pour la première fois à Tel Aviv. Il y tient une sorte de répertoire photographique de l'espace urbain et maritime. Parallèlement, il fait la découverte d'un lieu, tout proche de la grande ville, mais cependant moins fréquenté, plus mystérieux peut-être, tant au niveau de sa configuration que de son rayonnement : Jaffa et le quartier en ruine d'Ajami. Didier Ben Loulou attendra plus de vingt ans avant de lui consacrer un livre et de dévoiler de la sorte un versant occulté de la mémoire d’Israël. Ce livre, Jaffa, la passe, paraît donc en 2006, accompagné d’un récit de Caroline Fourgeaud-Laville. En 1993, il décide de s'établir à Jérusalem qui est devenue depuis lors, voilà plus de quinze ans, le point d'ancrage de son travail artistique. Les méandres de la vieille ville, la diversité de ses origines et la pluralité de ses appartenances constituent le territoire d'exploration du photographe. Déambulant au sein de cette complexité humaine, faisant preuve d’une intense curiosité, d’une sensibilité vigilante et lucide, Didier Ben Loulou trace le portrait changeant d'une cité aux multiples frontières. Son chemin croise celui d'Emmanuel Levinas à l'occasion de deux publications : la première en 1996 lorsque Bruno Roy, pour les Éditions Fata Morgana, lui propose d'accompagner photographiquement le très beau texte du philosophe, Violence du visage ; puis en 2004, lorsqu’il publie Sincérité du visage dont le texte est signé de Catherine Chalier, grande exégète du penseur de l'altérité. Ce livre, qui s'inscrit dans la lignée lévinassienne, ouvre cependant de nouvelles perspectives quant à l'interprétation des visages ; plus ambiguës, elles révèlent la corruption des regards et celle, non moins évidente, des principes, qui génère un enchaînement d'idées toutes faites sur le bien et le mal. L'écriture a toujours côtoyé l'œuvre de Didier Ben Loulou jusqu'à la rejoindre pleinement dans le cadre d'un patient travail sur les lettres, mené principalement sur les stèles du cimetière de Safed et celles du mont des Oliviers. Le photographe parcourt le monde comme un lecteur à la recherche de signes. La lettre trouve sa place dans son œuvre, sous toutes ses formes d'expressions : du plus sacré des inscriptions hébraïques, au plus profane des affiches couvrant les murs de Jérusalem ou des tags des ruelles arabes. La lettre transcende en effet ces deux catégories que sont le sacré et le profane pour atteindre au philosophique, sorte de lien unissant les hommes entre eux, fussent-ils vivants ou morts. En 2006-09, il œuvre à un nouveau projet sur Athènes : les peuples du voyage mêlés à l’immigration de masse, la rencontre du tiers-monde avec celle du quart-monde à la périphérie de la capitale. Lauréat de la Villa Médicis hors les murs, Didier Ben Loulou a obtenu une bourse du Fiacre (Fonds d’Art contemporain) puis a été récompensé par la European Association for Jewish Culture, Visual Arts Grant, Paris/ Londres.